Dialourds de Sogue

Glossolalies

[I]

Je vais parler d’Eux Moi.

Oui, ceux là Président, celui qui prédisent, et ceux qui dit et l’Autres iront.
Ou inversement.
Et bis repentira.

Enfoui… j’ai euh longtemps hésité; à vous parler. Je savais pas comment, s’aborder.
J’ai fini par trancher niais, dans le vide du sujet, la tête décalottée, le froc blessé sur
le balcon d’en face.

Quand Je parle d’Eux Moi, il faut bien se rendre compte qu’à partir de là,
tout est possible car, si Je parle d’Eux, Moi, volontiers, Je ne parle pour autant pas
de mon plein gré, ni du beau temps. Dans le même temps, d’Eux se placent entre
Parlez-Moi, ce qui complique drastiquement l’opératon, etc etc, mais rend l’entité
Vitale. Rémy n’existe donc pas.
Je ne Crois pas, il Caquette en Cryptant, plutôt, et fais signe, des fois.
Audiographique, en somme.

À ce point, quand bien même je vous dirais tout, où cela nous mènera t-il?
Je veux dire, qui devrait croire un type qui croit qu’il peut vous faire croire
ce qu’il croit lui, des fois..? Ce n’est pas raisonnable, non?
Trop de fois le mot Croire, ça s’annule, ça fait Incroire.

Du coup je viens là comme ça, les mains dans les poches, bête et curieux,
tous les deux jours.
Je me pose sur un poteau le cul calé, en bombe, je mate :

Avez-vous vu, là-bas…?

Cette dame est énorme, c’est un éléphanteau difforme qui sue le patchouli, je la sens,
pourtant elle est pas tout prêt. Elle boîte que côté gauche, pimpée, genre gang de
Tourista pété en goguette à Phuket.

Le mec en vélo fluo énervé juste derrière elle vocifère, sur son dos, le poids de sa
cargaison est mal réparti, il s’afesse. Trop proche de sa grosse tignasse sèche et
mousseuse, il fixe le chouchou violet qu’elle arbore au sommet de son crâne.
Son effluve d’herboristerie en faillite fera le reste, instantanément, il la Haine.
Et il a raison, sentiment Saveur.

Il s’en foutait à la base, mais ce putain de crâne mi-chauve mi-décoloré jusque à
ce front verdâtre, le tout orné par ce putain de papillon fuschia… c’est trop.

// Choc mental //

Il ralentit et klaxonne trois coups frénétiquement afin de pouvoir passer. La vieille
se déporte mollement sur sa gauche, gueulant sa flasque panique. Inspirée par la
grâce d’un phoque sans peau, elle s’enquit alors de faire barrage au cycliste lancé
qui finit par langoureusement enfoncer sa roue avant dans le ventre de
l’éléphanteau en détresse.

J’ai rarement vu une expression aussi contrainte et jubilatoire que celle de la dame
à ce moment précis. Et pourtant j’en vois, des expressions, tous les jours, là des
tristes, là des nouilles, ici des fiers, là des bonnes bouilles. Mais là… Comme la tête
d’une meuf qui se couperai entièrement le doigt avec un couteau en plastique,
étonnement mou et douleur épique.

Heureux de documenter ce moment unique grâce à quelques photos volées, je me
suis approché. Au sol gisait son sac de luxure étendu comme un placenta débraillé,
abandonné par sa mère souffrante. Parmi ses papiers dispersés sur le bitume,
une carte de membre de la bibliothèque laissant apparaitre un nom et un prénom,
tâchés par une dent baveuse abandonnée dans une flaque de sang.

C’était la première fois que je croisais Patchouli.

Si j’avais su qu’ell…

« – Vous avez du feu?

– Euh… Oui tenez.

– Merci c’est gentil. Dis donc quel spectacle hein?! Un carnage… Et vous racontez
vachement bien, vous êtes l’auteur? C’est son vrai nom Patchouli…?

– Non, du tout.

– Dîtes, vous sauriez m’aider à retrouver mon chemin ?

– Je ne suis pas d’ici vous savez…
Je vous ai donné du Feu, à vous de trouver la Fuite.

– Ah bon..? Alors, que l’on s’acharne à dévoiler sans plus attendre :
les détails s’emparent de l’électrolyse à mesure que la chemise se dénoue.
La tuile symbiose du luminaire artifice, déploie son oeuvre crasse par delà les
méandres temporelles. Libéré du bétail affluant, l’on peut enfin s’organiser…
Par peine sans douleur, je luis de syntaxe dans mon écrin verdâtre, soyeux et policé,
je m’affecte, lorgnant vers l’absurde ruche. Thérémine bafouant les conventions,
liquide amniotique ambulant, sonnant et trébuchant, désastres catatoniques déconcaténés, voici la symphonie du palabrant. Borné mais qu’en faisant, la mayonnaise prend,
c’est comme les pancakes. A l’en croire sur parole, ce faisan vole bas.
Détermine donc un prisme favorable aux échanges, terminal de fonction,
habile aux connexions ludiques variées. Prouesse de bouche sans fard et ballonnée,
laisse tomber les maquillages fatigués et les rimes engourdificationnées. »